VÂCARM - Les bras de la parole.

projet de performance voix, danse et bandes magnétiques.
Pauline Weidmann


“Le premier mouvement de Parole (Vac en sanskrit) avait été de laisser l'humanité plongée dans le silence. L’espèce humaine était originairement vouée à attendre le verbe. (...) Le premier mouvement de la déesse Parole avait été de s'unir à la danse-musique de la Forêt tant la Grande Vache Parole aimait jouer entre les arbres et errer dans l'infinie beauté, hauteur, grandeur, verdeur, luxuriance, des branches qui ne cessent de se hausser vers le ciel. Mais quand Vac se mit à lancer aux arbres les plus aguicheurs de ses signes, ses plus attendrissantes œillades, les gestes les plus séducteurs de ses bras, les mouvements les plus suggestifs des doigts et des poignées de ses mains, en sorte de les inviter à entrer dans sa ronde, les arbres ne bougèrent pas. Alors elle se tourna vers l'homme, se donna à lui, jouit violemment de lui, engloutit sa semence et puis, d'un coup de rein, abandonna le sexe de l'homme une fois vidé de ses semences et se rejeta en arrière. Quand la déesse Vac se recula, d'un coup de rein, elle dansa. D'un coup de rein, quand elle rejeta le membre de l'homme de sa vulve encore ruisselante des semences projetées, elle se dressa et elle aima tellement tourner sur elle même que, Vache devenue Lionne, elle détruisit tout ce qui était à sa portée. L'immense étoile dévora tous les êtres qui étaient à graviter autour d'elle. Vac, La Parole, devint la Lionne merveilleuse : la déesse qui dévorait en même temps qu'elle rugissait. ” (Pascal Quignard - l’Origine de la danse)

 


Intention :
Voix et gestes pour chanter ce que proche veut dire.

Pauline Weidmann travaille depuis plusieurs années à comprendre ce qui fait territoire et frontière, depuis ses études du cadastre et des cartes, elle est venue au chant par les répertoires situés, dits de traditions. Depuis TARZ, première pièce créée avec Louise Hochet au sujet des ritualités et des communs reconvoqués à table, en passant par La Peuplée, travail sur la stigmatisation et le regard exterieur sur les milieux, en l'occurence, celui de l'agriculture comme dans sa dernière pièce Epoques où elle visite les fictions identitaires que constituent les répertoires traditionnels. La question de la langue commune et de l'étrange constitue le fil de ce qui fait son chant et sa parole. Le projet VÂCARM parle de cette rencontre du signifiant.
Conversations, avec ce qui se dit et ce qui se disait, entre les à propos de ce qu'on a entendu, de voitures, d’aveux ou de bouffe. De l'archive à la voix improvisée au présent, puisque parler parle ou ne parle pas pour en dire autant, que parler arrête et pose des contours à la pensée sensible, que parler répète une mélodie connue, que parler décrit et s’adresse pour dessiner une place et faire exister tout, que parler abrite et que parler est beau.
Je - parle
Je - joue

Chant / poésie - improvisations - magnétophones à bande - danses de Vâc et autres grimaces..

Équipe_:
Artiste auteure interprète : Pauline Weidmann

Recherche_:
Le projet VÂCARM (titre provisoire) est une rencontre entre la voix live, chantée et chorégraphiée et l’archive. Cette rencontre est à élaborer pour imaginer un dispositif intégrant au plateau de l’analogique sur magnétophone à bande, l’idée étant de jouer du signifiant en abordant la voix enregistrée et la voix parlée comme deux langages qui conversent. A partir de ce matériel de lecture teinté et évocateur, la poésie se fabriquerait en alternant le figé et le vivant, jouant de leurs proximité ou des modulations possible de l’un vers l’autre.

Pauline Weidmann construit des pièces depuis maintenant neuf ans autour de la rencontre territoire / Voix / Corps, elle aborde la création sonore et le matériel analogique au travers de ses collaborations et par goût pour l’expérience du son. 




L'équipe :

Pauline Weidmann a d’abord fait des études de géographie et de sociologie adressées aux territoires. En passant par des structures d’éducation populaire elle se forme et intègre des méthodes qui s’efforcent de faire percoler la langue depuis des récits de maintenant, des groupes, des gens. Elle mène sa formation suivant les préceptes du maquis en réunissant sachant et apprenant dans des groupes de recherches et au cours de plusieurs cycles de laboratoires de pratiques elle se forme au travers – à la voix avec Haïm Isaac, Joëlle Colombani, Claire Bergerault, Marie-Pascale Dubé, Pascale Ben, Myriam Pruvot, Lior Shoov puis sur les rails du chant lyrique au conservatoire de Nantes – au mouvement et à l’inscription dans le paysage avec Elodie Currado, Lucie Lintanf, Bénédicte Zanon, Carole Perdereau, Johann Swaltswager, Eric Blouet, Jean Bojko. Dans des milieux alternatifs, elle épaissit puis transmet ses vocalités, la voix parlée chantée, pratique qu’elle manie comme une manière de dire. Elle danse et dissocie, adresse et montre à l’interieur de ses chants pour faire de la parole une partition incarnée vers, l’Autre.

En 2014-2015 elle porte avec les Egarnements un cycle exploratoire de 8 mois auprès de gens qu'elle choisit en coéquipe avec Johnny Seyx. Ils forment ensemble un groupe de 12 personnes pour chercher. entre étude du collectif, relation aux territoires et expériences esthétiques.C'est en 2015 qu'elle monte l'Enracinée.

Elle collabore aujourd'hui avec Lucie Lintanf, Daphné Achermann, Mathilde Papin, Estelle Bellemin, Julie Nioche, Loïc Touzé, Mariane Moula, Anna Duval Guennoc Jean-Benoit l’Héritier ou encore Christine Groult, invitant volontiers d’autres regards à se poser sur ses lignes et à bousculer le point de départ. .
Plus d'infos sur www.l-enracinee.com


Invitée pour la recherche : Erell Latimier porte ses créations depuis plus d’une dizaine d’années. En pasant par l’écriture elle associe très vite la création sonore, live ou composée, à partir d’un dispositif constitué de multiples dictaphones, magnétophones et enregistreurs numériques. Elle utilise ses matières textuelles ou des bribes appartenant à d’autres pour les faire advenir autrement, en les travaillant avec des sons créés ou existants (concrets), retravaillés ou non. Elle cherche à faire cohabiter les deux dans un travail de rapport de force des signifiants. La dimension narrative tient à la rencontre des espaces textuels et sonores, le récit échappe ou se rattrape, frustre ou surprend pour se proposer à l’interprétation ou l’appropriation des auditeurs.
Avec des musiciens d’abord (Will Guthrie, Olivier Brisson, et au sein du groupe Struwwelpetra), avec des cinéastes ou photographes (Thomas Chatard, Anne-Cécile Paredes, Miles McKane) et des voix (celle récurrente de Camille Belohradsky depuis plusieurs années). Avec des personnes aussi, croisées et recroisées sur des terrains de voyageurs, dans des quartiers etc… Au fur et à mesure le travail s’étoffe, les matériaux analogiques se multiplient, en improvisation live ou en composition électroacoustique, Erell creuse la question de l’écoute dans un univers où l’infime détail côtoie la scansion brutale, où l’agencement des bruits fait poème sonore. La bande magnétique au support, elle spécialise son geste et fait de ces objets l'instrument de sa parole.
https://www.erelllatimier.com/


Calendrier imaginé_:
Rencontre des materiaux voix corps et bandes magnétiques : Janvier 2023

Partenaires sollicités :
Maison des Arts Saint Herbalin - Musiques et Danses Loire-Atlantique.

Photographies / Pauline Weidmann